💡 Le saviez-vous ?
La courbure du katana naît dans l’eau... pas sur l’enclume
Au Japon féodal, la fameuse courbure du katana ne sort pas de l’enclume... elle naît dans l’eau. Avant la trempe, le forgeron enduit la lame d’une argile plus épaisse sur le dos et plus fine le long du futur fil. Lors du
yaki-ire dans l’eau, la partie du tranchant refroidit et se transforme très rapidement; le dos, protégé, se contracte autrement. Ce différentiel de phases et de contraintes tord la lame vers le haut: le
sori. Le décor lumineux sur le fil, le
hamon, n’est pas qu’esthétique; il trahit cette trempe différentielle. Selon l’épaisseur d’argile, la température et l’instant de sortie de l’eau, la courbure peut augmenter ou... s’inverser; les maîtres la corrigent encore rougeoyante, à grands gestes précis. La courbure n’est donc pas une coquetterie de design; elle résulte d’une métallurgie subtile, héritée de siècles d’expérimentations dans les forges japonaises.
À noter, la plupart des katanas industriels ou semi-industriels actuels ne tirent pas leur courbure du traitement thermique. La lame est formée et cintrée en amont par enlèvement de matière, laminage ou mise en forme mécanique; la trempe vise surtout la dureté, pas la création du
sori.
Sources :
. Kapp & Yoshihara, The Craft of the Japanese Sword, Kodansha
. Sato Kanzan, The Japanese Sword, Kodansha
. Wikipedia § Katana ; Japanese swordsmithing ; Hamon; Sori
. Verhoeven, The Metallurgy of the Japanese Sword, JOM, TMS