Moyen Âge

Les chevaliers 

Il n'est point besoin d'attendre notre siècle pour être fasciné(e) par les chevaliers.

À en croire les écrits médiévaux qui relatent leurs faits et gestes, il est évident que, dès le Moyen Âge, particulièrement aux douzième et treizième siècles, ils sont déjà considérés comme des héros dont on célèbre les prouesses, qu'elles soient réelles ou supposées.
Les chevaliers | Moyen Âge | #Terressens
« Seiner, om plus na vaut ne melz ne join […]
Cen mil chevalers maine en besoin, »

« Seigneur, aucun homme n'est aussi valeureux […]
Il mène cent mille chevaliers en guerre »
Extrait de la chanson de geste de Girard de Roussillon - mt d'Oxford vers 163 & 165

Ainsi les présente-t-on comme vaillants au combat, mais aussi courtois envers les dames. 

Extrait d'une chanson de Raoul de Soissons, Manuscrit de chants de trouvères, CH 389 folio 64v -Stadtbibliothek de Berne
« Sire sachiez, n'en doutez mie, que chevalier
N'aura jamais de grand renom sans bonne amour »

Extrait d'une chanson de Raoul de Soissons
Manuscrit de chants de trouvères, CH 389 folio 64v -Stadtbibliothek de Berne
Les chevaliers ont un grand sens de l'honneur. Ils sont humbles et dévoués en toutes circonstances, surtout quand il s'agit de défendre de justes causes, causes modestes comme protéger la veuve et l'orphelin, ou grandioses quand leur épée est mise au service de la défense de la foi, notamment lors des croisades.
Extrait du Charroi de Nîmes  - Geste de Guillaume d'Orange / FR 1449 folio 42v vers 601&602
« De cet honneur que je demande ici
Ensemble avec moi recevez le gant »
Extrait du Charroi de Nîmes - Geste de Guillaume d'Orange / FR 1449 folio 42v vers 601 & 602
Ainsi les chevaliers propagent-ils de nobles et admirables valeurs.

Certes, les auteurs de chansons de geste, en leur grant envie de vanter les exploits des chevaliers et plus encore d'éblouir lectorats et auditoires, perdent forcément quelque objectivité. Ils témoignent cependant, à condition de relativiser leurs propos, de l'existence d'une véritable élite militaire, assortie d'une condition sociale logiquement supérieure.

Le critère primordial qui leur vaut une telle position est celui de combattre à cheval, animal quasi sacré dont ils tirent leur nom, animal du haut duquel ils se distinguent de ceux qui n'ont sur le champ des batailles que leurs jambes et pieds pour évoluer et qu'on appelle à ce titre et péjorativement la piétaille.

Les chevaliers ont alors et évidemment nécessité d'être bien équipés à bon escient. Car il importe qu'armements et protections assurent de porter les coups avec efficacité et d'esquiver ceux des adversaires et ennemis, tout cela sans entraver la mobilité et la rapidité d'action que confèrent les montures.
Extrait du Charroi de Nîmes - Geste de Guillaume d'Orange / FR 1449 folio 43v44r vers 858 à 867
« Ceux-ci répondent "Ainsi comme vous commandez !"
Ils revêtent les hauberts, lacent les heaumes gemmés
Ceignent les épées au pommeau d'or niellé »
Extrait du Charroi de Nîmes  - Geste de Guillaume d'Orange / FR 1449 folio 43v44r vers 858 à 867
« Montent en selle sur leur fougueux destriers
Au cou, pendent leurs solides boucliers
En leur poing, des lances niellées
De la ville sortent rangés et serrés
Devant eux font porter l'oriflamme
Tout droit vers Nîmes se sont acheminés.
Tant vit-on de heaumes étinceler ! »
Extraits du Charroi de Nîmes - Geste de Guillaume d'Orange / FR 1449 folio 43v44r vers 858 à 867
Manuscrit 192 folio 300 Boulogne-sur-Mer - XIIIᵉ siècle

Les chevaliers sont le plus souvent représentés armés soit d'une épée, idéale pour les combats au corps à corps, soit d'une lance, laquelle permet de frapper à distance, avec toutefois le désavantage d'être plus lourde et donc plus difficile à manier.

Pour se défendre, ils portent bouclier ou écu, lequel a pour avantage de pouvoir mettre en exergue le blason des suzerains auxquels ils sont attachés, ce qui permet sur les enluminures des manuscrits originaux d'identifier les partis en présence.
Enfin se protègent-ils le corps par divers accessoires, principalement de métal, tels les heaumes pour la tête et hauberts ou harnois pour le reste du corps.

Extrait du Charroi de Nîmes - Geste de Guillaume d'Orange / FR 1449 folio 40v vers 321
« Te serviront 3000 (soldats) vêtus de fer »
Extrait du Charroi de Nîmes - Geste de Guillaume d'Orange / FR 1449 folio 40v vers 321
Pour préserver un minimum de souplesse et protéger les parties les plus fragiles du corps que sont les articulations, sont conçues des pièces de vêtements à base d'anneaux de fer assemblés en mailles serrées, d'où des noms comme camail (cagoule de maille) pour protéger le col et la nuque, et plus généralement de cottes de maille, mailles parfois cousues et associées à un justaucorps de tissu ou de cuir pour former ensemble une broigne.

Certains guerriers préfèrent toutefois aux anneaux de fer, de petites plaques de métal assemblées entre elle pour former une carapace d'écailles, rappelant celle d'animaux tels que le tatou. Le modèle le plus courant devient celui appelé brigandine, dont l'évidente étymologie fait le lien avec des individus de grand chemin moins recommandables que les chevaliers.
Enluminure du codex Manesse d'Heildelberg - folio 11v - le duc Heinrich de Wroclaw

Outre le handicap du poids de tout équipement fait de métal, s'ajoute celui consécutif à toute température extrême, comme les connaissent les chevaliers devenus croisés et qui se battent en Terre Sainte. Le problème se résout heureusement en partie en revêtant un surcot (sur cotte) ou tabar sur lequel sont, comme sur l'écu vu précédemment, affichées couleurs, armes et, terme en découlant, armoiries.
De fait, le tabar sert aussi pour l'apparat.

Indissociable de son cavalier, le cheval est également protégé par un caparaçon plus ou moins rembourré, assurément orné des mêmes parures que le bouclier ou le tabar.

De cet inventaire sommaire et donc incomplet de l'équipement du chevalier et des propos qui précèdent, déduit-on a minima deux questions. Qui et comment devient-on chevalier ? Et à quel prix ?

Ne deviennent chevaliers que des jeunes gens de noble souche ou vivant dans l'environnement d'un seigneur, lui-même très probablement chevalier ayant été adoubé. Attaché au service de son maître, le prétendant au futur titre de chevalier subit d'intenses entrainements, apprenant d'une part toutes disciplines militaires afférentes aux combats mais aussi toutes valeurs religieuses et courtoises. S'il advient que le jeune apprenti-chevalier obtient l'honneur de porter l'écu de son maître, parlera-t-on alors d'écuyer, terme dont l'étymologie est une fois encore plus qu'évidente.

Pour l'équipement qu'il se doit de posséder pour aller combattre, le chevalier se mesure régulièrement à d'autres pairs lors de tournois et joutes dont il espère victoires et plus encore récompenses financières directes ou indirectes parce qu'induites par la renommée qu'il en retire.

Corps d'élite reconnu, la chevalerie pâtit cependant des progrès de l'armement et des stratégies. Dès les premiers temps de la guerre de Cent Ans, ce ne sont plus forcément les chevaliers qui sont l'atout maître dans une bataille.

Apparaissent au sein des osts et armées de nouveaux corps de piétaille, appelés piquiers lesquels sont équipés de lances longues et acérées. Disposés en rangs serrés, tels des buissons d'épine, ces fantassins sont un obstacle majeur qui ralentit, voire bloque, toute charge des chevaliers. Ces piquiers sont précurseurs des hallebardiers de la Renaissance.

Mais le progrès qui affaiblit encore plus les chevaliers provient du développement des armes dites à distance.

À commencer par de grands arcs dont la portée et la précision sont telles qu'ils déterminent à eux seuls le sort de batailles dont la plus retentissante, au détriment des Français contre les Anglais, est celle d'Azincourt en 1415.

S'ensuivent l'apparition des armes à feu et le déclin rapide d'un corps d'élite qui reste cependant fort présent dans l'imaginaire collectif contemporain, bénéficiant encore et toujours de l'engouement des romantiques du XIXᵉ siècle pour le Moyen Âge et ses personnages les plus emblématiques dont les chevaliers.

Abrégé de la chronique d'Enguerran de Monstrelet FR 2680 folio 208
« Tel fut Éviradnus. Dans l’horrible balance
Où les princes jetaient le dol, la violence,
L’iniquité, l’horreur, le mal, le sang, le feu,
Sa grande épée était le contre-poids de Dieu.
Il est toujours en marche, attendu qu’on moleste
Bien des infortunés sous la voûte céleste, »
Le chevalier Edviranus - La légende des siècles - Victor Hugo

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Casques, heaumes et pièces d'armure médiévale

Chemise, gambison, cotte de maille, tabard ou cape...
Calot, cervelière, heaume ou casque...
Épée à une main ou à deux mains...
Bouclier ou dague...
Finalement, est-ce l’équipement qui fait le chevalier ou est-ce le chevalier qui donne vie à son équipement ?
Même si au fil du temps les métaux ont évolué, même si les formes se sont modifiées, le symbole n'a jamais changé : préserver son combattant, combattre l'ennemi, appartenir à un clan ou une communauté mais surtout afficher haut et fort son identité !
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